Sommaire
Cet article retrace l’histoire de la Suisse Romande avec, en parallèle, les dates et événements majeurs de la Suisse depuis sa création en 1291, ceci afin de mieux comprendre la situation actuelle.
L’article sur l’histoire de la suisse romande est découpé en 6 parties :
Chaque partie est elle-même segmentée en 5 sections qui sont :
La Suisse Romande est définie par la zone en Suisse où le français est considéré comme la langue officielle.
Pour rappel, le territoire suisse est divisé en cantons, eux-mêmes divisés en districts puis communes. En raison de l’étroitesse de son territoire, le canton de Genève ne possède pas de district.
La Suisse romande comprend :
Moutier a voté en 2021 pour rejoindre le canton du Jura, mais le changement de canton ne se fera officiellement qu’en 2026.
La carte des cantons Suisse actuelle.
La limite entre les parties francophone et germanophone n’a que très peu bougée depuis le 7e siècle où elle marquait la frontière entre les Burgondes et les Alamans.
Le français se parle petit à petit dès la fin du 15ᵉ siècle et il s’intensifie au début du 19e au dépens des nombreux dialectes franco-provençal eux-mêmes issus directement du latin parlé au temps de l’empire romain.
Aujourd’hui la langue française fait partie des 4 langues parlées en Suisse avec 20% de la population Suisse et environ 1.8 million d’habitants. La langue allemande est nettement majoritaire et est restée seule langue officielle de la Confédération jusqu’au début du 19e siècle.
Une carte linguistique de la Suisse.
Voici un résumé des peuples ayant occupés le territoire de la Suisse Romande depuis 2’000 ans.
La situation à la fin du 13e siècle en Suisse Romande est la suivante :
Au 13e siècle, le territoire de la Suisse Romande, comme celui de la Suisse, fait partie du Saint-Empire Romain Germanique, une entité administrative composée d’un grand nombre d’entités politiques parfois en guerre l’une contre l’autre.
Le drapeau du Saint-Empire Romain Germanique avec son aigle bicéphale.
Les communes d’Aigle, Châtel-Saint-Denis, St-Martin (FR), Villeneuve, Bellevue et Neuchâtel en Suisse romande ont repris sur leur drapeau l’aigle noir (bleu pour Villeneuve) sur fond jaune du Saint-Empire romain germanique. Ici, l’aigle est monocéphale car seul l’empereur avait le droit d’utiliser l’aigle bicéphale.
Aigle VD
Châtel-St-Denis FR
St-Martin FR
Bellevue GE
Neuchâtel NE
Villeneuve VD
La Suisse est créé par le Pacte Fédéral en 1291 avec les cantons d’Uri, Schwytz et Nidwald formant ainsi la Suisse des III Cantons. Dans les 50 années suivantes viennent s’agréger des cantons de la Suisse centrale actuelle menant à la Suisse des VIII Cantons.
À noter que nos jours, Obwald et Nidwald sont regroupés sous le canton d’Unterwald et forment chacun un demi-canton, mais ne sont pas issus d’une séparation comme Appenzell ou Bâle.
On peut voir sur les images ci-dessus que les Confédérés se battaient ensemble, mais chacun sous sa bannière cantonale.
De 1474 à 1477 ont lieu les Guerres de Bourgogne qui auront une influences particulièrement importante sur la Suisse Romande.
Le duché de Bourgogne était situé entre la France et la Suisse avec une étendue territoriale allongée allant du Nord de Lyon aux Pays-Bas. La guerre éclate entre le Duc de Bourgogne, Charles le Téméraire et les Suisses. La Savoie qui occupe le Pays de Vaud et Genève sont alliés au Duc de Bourgogne.
Carte des belligérants des Guerres de Bourgogne.
5 batailles ont lieu, les premières et dernières dans l’actuel France, et les 3 autres dans l’actuel Suisse :
Ces cinq batailles se soldent par une victoire des Suisses ou de leurs alliés pour ce qui est des batailles d’Héricourt et Nancy. Les Suisses ont pu compter sur l’aide financière précieuse du Roi de France désireux de limiter la puissance du Duc de Bourgogne.
Consulter les détails complets concernant les guerres de Bourgogne.
Un tableau de la bataille de Morat exposé au Fort Cindey pour soutenir la troupe.
De 1291 à 1476, La Suisse n’a pas de territoires dans la Suisse Romande actuelle.
La Suisse avant les Guerres de Bourgogne. 1474. (source : Wikimedia. Marco Zanoli)
Traduction en français de la carte :
Souverane Kantone (VIII Orte): Canton Souverain (Suisse des 8 Cantons)
Zugewandte Orte: Territoires alliés
Grafschaft Neuenburg: Comté de Neuchâtel
Furstbistum Basel: Diocèse de Bâle
Grafschaft Greyerz: Comté de Gruyère
Herzogtum Savoyen: Duché de Savoie
Republik der Sieben Zenden Des Wallis : République des Sept-Dizains du Valais.
Freigrafschat Burgund: Comté libre de Bourgogne
C’est après les guerres de Bourgognes que les Suisses s’implémentent en Suisse Romande par l’annexion de territoires principalement au dépens de la Savoie et la Confédération devient la Suisse des XIII Cantons après une phase d’intégration de 5 cantons sur 30 ans.
À noter que les canton d’Appenzell et Bâle se séparent chacun en deux demi-cantons respectivement en 1597 et 1833.
La bataille de Giornico dans le canton du Tessin a lieu en 1478 et se solde par la victoire des Confédérés contre le Duc de Milan.
En 1499, La guerre de Souabe éclate entre Suisse et la maison de Habsbourg avec une défaite pour cette dernière à la bataille de Dornach près de Bâle.
Après Giornico, la Suisse s’établit définitivement au sud des Alpes et la guerre de Souabe repousse clairement les Habsbourgs.
Depuis sa création 200 ans plus tôt, la Suisse est habituée aux victoires même en infériorité numérique comme après la défense héroïque à Morat lors des guerres de Bourgognes et a acquis une réputation d’invincibilité.
Le tableau de la bataille de Giornico exposé au fort Cindey pour soutenir la troupe.
La défaite de Marignan près de Milan en Italie en 1515 marque la fin des expansions militaires suisses après une défaite retentissante face à François 1er, roi de France.
Il est à noter que les 13 cantons de la Confédération ont des avis divergent quant à la tenue des opérations militaires en Italie au début du 16e siècle à un tel point que les troupes de Berne, Fribourg, Soleure ainsi que de celle du Valais alliées aux Suisses se retirent des opérations et ne participent pas à la bataille de Marignan.
En 1536, Berne envahit le Pays de Vaud qui n’est plus défendu par la Savoie. Par la même occasion Fribourg agrandit considérablement son territoire en annexant des territoires de la Glâne et Veveyse actuelle.
Étonnamment, tout au cours de son histoire, des guerres ont lieu entre des cantons de la Confédérations et en particulier au sujet de la religion suite à la réforme entre cantons catholiques et protestants :
C’est avec le Sonderbund en 1848 que prendront fin les conflits religieux armés en Suisse.
Après les guerres de Bourgognes :
Après la guerre des Souabes :
Après la conquête du Pays de Vaud de 1536 :
Après la guerre de Trente Ans : (Guerre impliquant la majorité des pays européens sauf la Suisse)
Après les guerres de Bourgognes et la défaite de la Savoie alliée au Duc de Bourgogne, Berne et Fribourg occupent les villes d’Echallens, Orbe, Morat, Cerlier et Grandson sous forme de bailliages communs tandis qu’Aigle est annexée par Berne qui y forme le Gouvernement d’Aigle. Ce sont les premiers territoires de la Suisse Romande actuelle intégrés à la Confédération.
Le Valais, allié aux Suisses, s’étend jusqu’à St-Maurice.
En 1481, Fribourg est intégrée dans la Confédération et le premier canton romand même si à l’époque sa langue est l’allemand et son territoire se limite aux alentours de la ville de Fribourg.
En 1501, Bâle fait son entrée dans la Confédération et possède des territoires en Romandie au niveau du canton du Jura et du Jura Bernois.
L’invasion du Pays de Vaud en 1536 par les Bernois, qui imposent la réforme et le protestantisme à la place du catholicisme, permet à Fribourg d’annexer des territoires au niveau des districts de la Glâne et de la Veveyse qui restent catholiques.
Lors de l’invasion Napoléonienne de 1798, Berne devra se retirer complètement de ses possessions du pays de Vaud qui deviendront le canton de Vaud tandis que Fribourg conservera ses territoires annexés.
La faillite du comté de Gruyères en 1555 permet à ses deux créanciers Fribourg et Berne de récupérer ses territoires. Ainsi, le territoire correspondant au district de la Gruyère actuelle est absorbé par Fribourg tandis que Berne s’empare du Pays d’en Haut.
Le magnifique château de Gruyères, siège des comtes de Gruyères.
En ce qui concerne Genève, après les guerres de Bourgognes auxquelles il a participé au côté du Duc de Bourgogne et de la Savoie, Genève doit payer une « amende » aux Suisses suite à la défaite sous peine de se faire envahir. Peu de temps après, dès la fin du 15e siècle, Genève commencera son histoire avec la Suisse en créant des alliances avec les cantons et en particulier Fribourg et Berne avec lesquels il signe une « alliance éternelle » en 1584.
La réforme provoque le départ de l’évêque de Genève en 1525 et en 1541, la République de Genève est fondée. À ce moment, Jean Calvin, un réformateur originaire de France, « élève » Genève au rang de « Rome protestante » en propageant les idées de la Réforme dans toute l’Europe et dès 1540, Genève sert de terre de refuge aux persécutés du protestantisme et en particulier ceux venant de France.
En 1602, a lieu la tentative avortée d’invasion dite de l’Escalade par le Duc de Savoie désireux de prendre la ville. Cet événement, devenu mythique, est célébré chaque année au mois de décembre avec la destruction d’une marmite en chocolat ainsi qu’avec la fameuse course de l’Escalade, la course à pied la plus populaire de Suisse.
En plus de Genève et du Pays de Vaud, la réforme sera introduite au même moment dans la principauté de Neuchâtel. Les cantons de Fribourg et du Valais resteront catholiques.
Les maquettes des cathédrales de Lausanne et Genève devenues protestantes après la réforme du 16e siècle.
Après les Guerres de Bourgogne. 1477. (Source : Wikimedia : Augusta89)
Après la conquête du Pays de Vaud par Berne. 1536. (Source : Wikimedia : Marco Zanoli)
En 1798, Napoléon envahit la Suisse incapable de résistance. La République Helvétique est créé en 1798 avec notamment la fin des bailliages communs, territoires extérieurs administrés par les Suisses. Cette république s’achève en 1803 avec l’Acte de Médiation et le retour à une confédération, la Confédération de XIX cantons après la création de 6 nouveaux cantons qui étaient sous le contrôle des Confédérés. La Suisse reste toutefois dans en réalité un satellite de la France.
Suite à la défaite de Napoléon en 1815, trois nouveaux cantons ne souhaitant pas rester isolés sont rattachés formant la Confédérations des XXII Cantons. À noter que dans le décompte du nombre des cantons, Nidwald et Obwald, Appenzell Rhodes Intérieurs et Extérieurs, Bâle Ville et Campagne comptent pour un demi canton.
Deux points intéressants peuvent être relevés depuis Napoléon en 1798 au niveau de la langue et de la monnaie :
1798 : Envahissement du Pays de Vaud puis de la Suisse par les troupes françaises.
1798 : Création de la République Helvétique
1803 : Acte de médiation à la suite des troubles résultant de la création de République Helvétique.
1815 : Congrès de Vienne après la défaite de Napoléon. Regroupe les protagonistes des guerres Napoléoniennes, y compris la France. La Suisse est reconnue comme neutre. Le Canton de Vaud créé en 1803 est confirmé et le Jura est donné à Berne en compensation. La France revient à ses frontières de 1791.
Le drapeau de la République Helvétique. Ses 3 couleurs horizontales rappellent le drapeau tricolore français. Le vert est la couleur des révolutionnaires tandis que le jaune et rouge celles des cantons fondateurs Schwytz, Unterwald et Uri.
En 1798, Napoléon envahit la Suisse et annexe les territoires indépendants de Genève en 1798 en l’intégrant dans le département du Léman et celui du Valais en 1810 en créant le département du Simplon. Neuchâtel reste une principauté appartenant à la Prusse.
Le drapeau de Neuchâtel de 1350 à 1806.
En 1848 a lieu la guerre du Sonderbund, conflit entre cantons catholiques séparatistes et protestants qui se solde par une victoire rapide des protestants avec quelques dizaines de morts de chaque côté seulement. Les cantons de la Suisse centrale avec le Valais et Fribourg sont opposés aux autres dont Genève et Vaud, Neuchâtel étant neutre.
Dans un premier temps, en 1798, après sa libération des Bernois avec l’aide de la France, le territoire du canton de Vaud intègre la République Helvétique sous le nom de Canton du Léman, puis est appelé Canton de Vaud à son intégration dans la Confédération en 1803.
C’est le premier canton Suisse entièrement francophone. À noter le rôle de La Harpe, un vaudois qui facilita la libération du Pays de Vaud ainsi que la préservation de son indépendance en 1815 alors que les Bernois réclamaient leurs anciennes possessions au Congrès de Vienne.
La Harpe utilisa ses très bonnes relations avec l’empereur de Russie, Alexandre Ier, pour faire pencher la balance en faveur du Canton de Vaud.
L’île de la Harpe située à côté du château de Rolle.
Les Cantons de Neuchâtel, Valais et Genève ne souhaitent pas rester isolés et intègrent la Confédération en 1815 après la défaite de Napoléon.
Neuchâtel a la particularité de rester sous souveraineté de la Prusse alors même qu’il fait partie de la Confédération.
En ce qui concerne Genève, les Suisses exigent une continuité territoriale pour pouvoir l’intégrer dans la Confédération. En effet, en 1815, Genève ne possède pas de frontière avec le canton de Vaud et son territoire était en plus constitué en 5 parties discontinues (Genève, Satigny, Jussy, Genthod et Céligny). C’est ainsi que Versoix, Meyrin, Collex-Bossy, Prégny, Grand-Sacconnex et Vernier, alors dans le Pays de Gex français, deviennent Suisse en 1816 près le traité de Paris.
En 1815, les Suisses constitués de soldats soleurois et fribourgeois débarquent symboliquement à Genève du côté de Port Noir. D’autre part, une dizaine d’autres communes de Savoie qui appartenaient au Royaume de Sardaigne (Ancienne Savoie avec la Sardaigne) rejoindront aussi Genève après le traité de Turin en 1816 comme Carouge par exemple permettant ainsi la liaison de Satigny et Jussy au reste du canton de Genève.
La carte du canton de Genève avec les possessions avant 1815 en jaune. Les territoires acquis après le Congres de Vienne au profil de la France en bleu et au profil du Royaume de Sardaigne en rouge. Source : Wikimedia Commons.
Une colonne à Port Noir sur la rive gauche de la rade de Genève pour se rappeler du débarquement des Suisses en 1815.
La commune de Cologny a pris comme emblème la colonne de Port Noir.
Évolution territoriale de la Suisse de 1291 à 1797. (Source : Wikimedia : Marco Zanoli)
La République Helvétique. 1798-1799. (Source : Wikimedia : Augusta89)
La Confédération Helvétique de 1803 à 1814. (Source : Wikimedia : Augusta89)
La Suisse en 1814 après le traité de Vienne. (Source : Wikimedia : Marco Zanoli)
En 1848, suite à la guerre du Sonderbund, est mis en place l’État fédéral, base de la Suisse Moderne avec notamment une armée et une monnaie commune. C’est également à ce moment qu’à lieu la création du drapeau Suisse par Dufour.
L’entrée dans la confédération
En 1979, le dernier canton est créé par la séparation d’une partie francophone du Jura bernois du canton de Berne.
Aucune, la Suisse est devenue neutre après le congres de Vienne de 1814.
Rien de particulier.
Depuis 1814 et le Congrès de Vienne jusqu’à nos jours, aucune modification territoriale n’intervient par rapport aux cantons suisses, à l’exception de la création du canton du Jura. En 1856, Neuchâtel, qui était déjà un canton suisse depuis 1814, se sépare de son statu particulier en se libérant de la souveraineté de la Prusse.
Les cantons Suisses au 21e siècle. (Source: Wikimedia: Poulpy)
On peut s’apercevoir que l’histoire de la Suisse Romande au sein de la Suisse est relativement récente et date principalement de 200 ans.
C’est l’arrivée de Napoléon et surtout sa chute qui précipitera les cantons de Vaud, Valais, Neuchâtel et Genève au sein de la Confédération Helvétique. Fribourg avait déjà intégré la Confédération à la fin du 15e siècle après les guerres de Bourgogne pendant lesquels des populations de Suisse Romande, notamment celles commandées par Jacques de Romont, combattirent contre les Suisses. Le canton du Jura, lui, provient d’une scission d’une partie francophone du canton de Berne.
Avant l’arrivée de Napoléon, les territoires en Suisse Romande furent fortement marqués par le comté puis duché de Savoie du 12e au 15e siècle puis par le canton de Berne qui occupa le futur canton de Vaud du 16e à la fin du 18e siècle. Pendant cette même période, les cantons de Genève, Valais et Neuchâtel restèrent indépendants.
VAUD
GENEVE
VALAIS
FRIBOURG
NEUCHÀTEL
JURA
La Suisse romande compte plus de 20 musées qui retracent l’histoire des lieux dans lesquels ils se trouvent.