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Le territoire de Suisse romande, comme celui de la Suisse entière, est truffé de milliers d’ouvrages militaires allant des plus petits comme des structures anti-char, les fameux « toblerones », à des structures plus grandes pouvant accueillir des soldats en très petit nombre jusqu’à plusieurs dizaines comme des bunkers, des fortins ou même des forts.
Des « Toblerones » proches des gorges de la Poëta-Raisse dans le canton de Neuchâtel !
Dans cet article, la Torpille ne donne pas un listing exhaustif de tous les forts, mais présente « uniquement » les forts et fortins visitables en Suisse romande. Il vaut la peine d’en visiter pour se rendre compte des défenses militaires suisses de la deuxième guerre mondiale et de la guerre froide.
Depuis le début du 21e siècle, tous les forts militaires de Suisse romande sont désaffectés. La raison de cette désaffectation commencée dans les années 1990 vient du fait que les forts ne répondent tout simplement plus aux menaces d’aujourd’hui car les conflits se sont maintenant déplacés dans le domaine électronique et, militairement, l’évolution des armes balistiques fait que les forts pourraient, en quelques secondes, être détruits par des missiles tirés à des milliers de kilomètres des cibles.
La majorité des forts a été repris par des associations qui en assurent l’entretien et en propose la visite. Les forts du Trient (Escape Game) et de Champillon (Pyromin Museum) ont été recyclés en activité.
Un obus fictif inséré dans un canon d’artillerie de 105 mm lors de la visite guidée du fort de Cindey.
Les forts principaux étaient constitués de trois types:
Chaque fort était protégé par de nombreuses structures défensives plus petites comme par exemple des bunkers, des postes de mitrailleuses, des mines ou un réseau dense de fils barbelé.
Mitrailleuse de type Mg-51 au fort Cindey avec un système de masque à gaz pour lutter contre le monoxyde de carbone (CO) dégagé par l’arme.
En Suisse, les ouvrages militaires, petits ou grands, sont listés à partir de la pointe sud-ouest du territoire avec la lettre A suivi d’un numéro. Par exemple, le fort de Commeire est listé en tant que A27.
La Torpille propose le listing des forts et fortins visitables par région.
Le fort de Pré-Giroud dans le jura vaudois et le Fort de Chillon près de Montreux comptent parmi les plus intéressants à visiter.
La Torpille liste ci-dessous les forts visitables de Suisse romande.
Légende:
Forts zone Grand-Saint-Bernard
Forts vallée du Trient
Forts Saint-Maurice
Forts du Chablais
Forts des Préalpes
Forts du Jura vaudois
Forts de Neuchâtel
Forts du canton du Jura & Jura bernois
La zone militaire du Grand-Saint-Bernard regroupe les trois vallées de la Drance (Drance de Bagne, Drance d’Entremont et Drance de Ferret). Des centaines de petits ouvrages étaient positionnés dans cette zone et les deux plus imposants étaient les forts d’artillerie de Commeire, près d’Orsières et de Champex pour surveiller l’accès au col de Grand-Saint-Bernard.
Le point stratégique majeur de la région du Gd-St-Bernard était bien évidemment le col du Gd-St-Bernard, le seul point de franchissement des Alpes du nord au sud en Valais avec le col de Simplon.
Le col du Grand-Saint-Bernard avec le fameux hospice. L’Italie se trouve à une cinquantaine de mètres après le col.
Le barrage des Toules avec la route du Grand-Saint-Bernard sur la gauche. Cette dernière doit être reconstruite et relevée lors de la construction de l’édifice au milieu du 20e siècle.
Le fort de Commeire surveille la route du Col du Grand-Saint-Bernard jusqu’à la hauteur du barrage des Toules.
Une vidéo sur un canon du fort de Commeire.
Le fort de Sapinhaut est un fort lance-mines bitube de calibre 12 cm qui surveillait la zone Martigny ainsi que la région d’Entremont et les villages d’Orsières, Sembrancher et Bovernier.
Les ouvrages militaires de la vallée du Trient étaient positionnés en quatre secteurs de manière à empêcher une intrusion depuis Chamonix et la France en direction de la vallée du Rhône et la forteresse de Saint-Maurice, un des trois piliers du réduit national. Chacun des quatre secteurs listés ci-dessous était constitué de petits bunkers, d’ouvrages défensifs divers ou de structures minées. Il n’y a pas de fort à proprement parlé dans ce secteur, seul le fortin de Litroz possède une plus importante structure.
Le fort de Litroz est le plus grand fort de la vallée du Trient. Situé au niveau de Tête Noire au-dessus des gorges Mystérieuses, il est visitable sur réservation.
Les gorges mystérieuses de Tête Noire.
Vidéo sur une simulation d’attaque du fort de Litroz
La forteresse de Saint-Maurice compte quatre forts, les forts du Scex et de Cindey côté Ouest en Valais qui font face aux forts de Dailly et Savatan côté Est dans le canton de Vaud. Le cœur de la forteresse est le fort de Dailly avec ses plus de 12 kilomètres de galerie, ce qui en fait le plus grand fort militaire d’Europe.
Parmi ces quatre forts, seuls les forts de Dailly et Cindey sont visitables.
Construit entre 1941 et 1946 , le fort Cindey est amélioré entre 1948 et 1952 et abandonnée militairement en 1995. Il s’agit avec le fort Pré-Giroud d’un des seuls forts militaires de Suisse romande visitable de manière régulière et sans réservation.
L’entrée de la grotte aux fées menant au fort Cindey.
Le fort de Dailly est la plus grande forteresse militaire d’Europe avec environ 20 kilomètres de galeries, une base militaire qui était au cœur du dispositif de la forteresse de Saint-Maurice et une pièce maîtresse du réduit national.
Reportage vidéo sur le fort de Dailly.
. Le fort de Savatan est situé au-dessous du fort de Dailly et relié à ce dernier par un funiculaire souterrain.Le Fort de Chillon est un avant-poste de défense de la forteresse de Saint-Maurice. Il surveille l’étroit passage au niveau du château de Chillon situé juste à côté. Il était armé de canons anti-char et d’artillerie.
La visite du fort de Chillon est ouverte en 2020 et c’est une activité qui mérite le détour avec une magnifique mise en valeur de ce qu’était un fort militaire de l’armée suisse pendant la 2e moitié du 20e siècle. Contrairement au fort de Pré-Giroud, la visite du fort de Chillon est libre avec un fléchage au sol pour suivre le parcours.
L’entrée du fort de Chillon juste en face du château de Chillon.
Un voilier à côté du château de Chillon. Le fort se trouve à l’extrême gauche de la photo, derrière les arbres à gauche de la route cantonale.
Une vidéo sur la visite du fort de Chillon.
Le fort de Pré-Giroud avait pour but d’empêcher l’intrusion en Suisse par le col de Jougne. Il s’agit du fort le plus intéressant à visiter de Suisse romande avec le fort de Chillon, il est conservé dans l’état où la troupe la quitté avec tout son infrastructure et son armement. De plus, la Torpille a été agréablement surprise par la passion qui anime les animateurs au cours des visites guidées.
Le fort est localisé à Vallorbe qui propose également les points d’intérêt des grottes de Vallorbe, du musée du fer et du chemin de fer et du zoo du JuraParc.
Une vidéo de la visite du fort par la chaine de télévision « la télé ».
Un reportage sur la ligne des Toblerones et le fortin de la Villa Rose.
Forts | Chillon A390 | Dailly A250 | Scex A160 | Cindey A155 | Evionnaz A80 | Commeire A27 | Champex A46 | Pré-Giroud A577 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Commune | Veytaux | Lavey-Morcles | St-Maurice | St-Maurice | Evionnaz | Orsières | Orsière | Vallorbe |
Canton | ||||||||
Construction | 1941-1942 | 1892-1995 | 1911-1915 1915-1924 1935-1936 1938-1939 1940-1946 1948-1952 | 1940-1946 1948-1952 | 1940-1943 | 1941-1942 | ||
Décomissionement | 1995 | 1995 | 1995 Désarmé en 1983 | 1995 | 1999 (Désarmé 1986) | 1999 | ||
Ouverture à la visite | 2020 | 2014 | 2002 | 2002 | Oui | Sur reservation | ||
Zone Miliataire | Chablais | St-Maurice | St-Maurice | St-Maurice | St-Maurice | Gd-St-Bernard | Gd-St-Bernard | Jura Vaudois |
Type de fort | artillerie/ac | artillerie | artillerie | artillerie /ac | anti-char | artillerie | artillerie? | artillerie |
Armement au moment du démantellement | 2 canons 90 mm Mitrailleuses 7.5 mm | 2 Canons tourelle de 15 cm L 42 1958 1 Lance-mine de forteresse de 12 cm 1959 / 83 2 Canons tourelle de 10,5 cm L 52 1939 4 Canons de 10,5 cm L 42 1939 1 Canon antichar de 9 cm 1950 / 57 4 Lance-mines de forteresse de 8,1 cm 1956 / 60 17 Mitrailleuses de forteresse 1951 / 80 | 8 canon 75mm | 2 canons 105mm 4 canons ach 90mm 3 mitrailleuses | 5 canons ach 90mm 2 Mitrailleuses | 4 canons 75mm | 8 canons 105mm et 2 canons 75mm | 3 canons 105mm 1 canon ach 3 mitrailleuses 7.5mm |
Nombre d’homme | 252 | 172 (avant désarmement) | 173 | 140 | 130 | |||
Autre | Visite Libre | Plus grande fort d’Europe Funi Savatan-Dailly | Connecté à Cindey par galerie naturelle Téléphérique | Connecté à Scex par galerie naturelle Téléphérique | AVEC VISITE GUIDEE › Une exposition de casques romains et antiques et modèles réduits de machine de guerre › Une exposition de figurines de soldats et chefs militaires | 600m de galerie |
Le lien suivant montre la localisation géographique des forts militaires de Suisse romande.
Le réduit national est un concept de repli de l’armée suisse dans des fortifications au niveau des montagnes des Alpes. Le but était de retarder l’avancée de l’ennemi dans le jura et le plateau suisse et se barricader dans les forts des Alpes pour mieux résister. Le concept du réduit national date de la fin des années 1930 et devait rentrer en application en cas de conflit lors de la 2e guerre mondiale ou de la guerre froide. Peu connu à l’époque de la 2e guerre mondiale. Il est devenu mythique après coup.
Le réduit national était constitué de 3 forteresses principales, la forteresses de Saint-Maurice en Suisse romande , celles du Gothard et de Sargans en Suisse Allemande. Chaque forteresse était constituée d’un ensemble de forts principaux et d’une multitudes d’autres ouvrages défensifs mineurs.
La Forteresse de Saint-Maurice comprenait les forts de Savatan et surtout Dailly, avec ses 12 km de galerie (5 km pour Savatan), côté rive Est du Rhône dans le canton de Vaud. Côté Ouest en Valais les fort du Scex et de Cindey faisaient office de contre-ouvrage pour protéger les deux premiers forts. Des forts étaient disposés au Sud et au Nord de la forteresse pour en empêcher son accès. Le Nord comprenait la zone du Chablais et le Sud les zones de Martigny, du Grand-Saint-Bernard et du Trient.
D’autres pays en Europe possèdent, comme la Suisse avec son réduit national, des fortifications en béton qui datent des années 1930 à 1945 dont nous donnons ici un bref résumé. Ces fortifications en Europe étaient des lignes de défenses plutôt qu’une zone de repli comme le réduit national, mais l’armement et le type de construction étaient relativement similaires.
L’histoire a montré qu’aucune ligne fortifiée n’a été en mesure de stopper l’ennemi en temps de guerre, tandis que le réduit national, lui, ne fut tout simplement pas utilisé, car la Suisse fut épargnée par la deuxième guerre mondiale.
La Torpille remercie chaleureusement Monsieur Pierre Frei de Saint-Maurice pour ses nombreux renseignements.
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